Le virtuel, comme de vrai.
Aujourd’hui Dimanche, nous avons communié assis à la terrasse d’un café par le truchement d’un petit vin de pays. Tout le monde était là, tous ceux que j’aime et qui ne me jugent pas. Ils ne sont pas simples d’esprit mais contents de me voir et je ne saurais vous exprimer mon contentement en retour du leur. Il y avait belle lurette qu’on ne s’était pas vus. Et tiens : Marc, et encore Evelyne, et encore David. Mais quel bon vent fraternel nous réunit ? Tous revenus au bercail, au village, dans la grande famille. On rapproche deux tables pour n’en faire qu’une et nous devisons passionnément, forts de nous être retrouvés, le vin aidant. In vino Veritas, dit Marc car il se trouve que nos conversations se marient à merveille, l’harmonie est là, notre communion est réelle et sincère. Je parle à Marc du JDP et il me dit : bonne idée de se nommer Personne comme Ulysse pour échapper au cyclope. Et je lui fais remarquer qu’avec mes 100 kilos, j’aurais eu du mal à m’échapper sous le ventre d’un mouton sans me faire remarquer, le cyclope tâtait tous les moutons un par un à la sortie.
De l’humour, de l’amour, un temps fort qui vous tombe dessus sans avoir prévenu, c’est le miracle qui survient comme une renaissance, une embellie à l’improviste. Le miracle arrive aussi quand on ne l’attend plus, nous dit Evelyne, quand on croit que tout est perdu. C’est vrai, on acquiesce. Conversation à brûle pourpoint, casual conversation in English, on parle du Net et de tout ce qui fait « écran » à cette communion que nous vivons. En langage des oiseaux, je dis qu’on a mis un « casse » au milieu du mot communion pour en faire la « communication ». Et nous poursuivons sur ce qui fait écran dans nos vies, le manque de la joie de se rencontrer, celle que nous ressentons à l’instant même. Et nous évoquons les périples qui nous ont conduits aux mêmes endroits, les belles personnes qui ont forcé notre admiration. Et nous-nous arrachons de ce temps d’harmonie qui nous a donné un surplus de goût de vivre. La messe est dite, il y a un temps pour tout.
Et maintenant, comme j’aimerais trouver cette ambiance sur le Net, sans jugements préconçus, préfabriqués. Mais juste que l’on se dise que nous sommes vus par un certain nombre de personnes et que ces personnes ne peuvent se faire une idée de nous qu’à la manière dont nous vivrons en bonne convivialité malgré des différences irrévocables. Je n’ai pas la télé mais chaque fois que je peux la voir chez des amis, en quoi consistent les émissions proposées ? Des animateurs parlent entre eux, rient beaucoup, se moquent d’une société qu’ils sont les premiers à saborder. Des gens qui prennent leur humour tellement au sérieux qu’il finit par une espèce de surenchère flagrante à l’auto satisfaction. On se montre, on gagne de l’argent à être connu mais la société y perd en cette imposture du médium unilatéral s’adressant à des auditeurs et télé spectateurs passifs, passifs et qui finissent par être avachis. Cette unilatéralité ne relève pas le niveau. La maison ronde reste un fromage.
On peut imaginer la course au poste dans cette maison là et la soumission à l’audimat. Chères sont les places pour paraître quand le paraître fait recette et que le public à l’écoute est le « produit » qu’il faut mettre au niveau bas. On y parle de guerres et on la leur fait oublier par des jeux, le bâton et la carotte. Napoléon reviendrait, il apprendrait comment on asservit un peuple en l’anesthésiant ; ses colifichets, sa combine à lui, il la trouverait dérisoire aujourd’hui bien que des gens s’en enorgueillissent encore en la portant à la boutonnière. Bref, en quelques mots, ces médias pour nous distraire, nous montrent exactement ce qu’il ne faut pas faire pour que le peuple s’élève. Il y a quelques bonnes émissions, exceptions rares pour confirmer la règle, pour se donner bonne conscience dans la mauvaise.
Il y a une phrase entendue qui me plaît : « A la façon dont vous-vous aimez, ils vous reconnaîtront ». Il faut avouer que c’est bien dit. N’est-ce pas là le paradigme qui mène au paradis ? N’est-ce pas un bon leitmotiv pour donner du punch au JDP. Le Net : un monde de dialogue interactif, c’est inespéré si on considère la liberté qui nous est conférée. En conclusion, si nous sommes riches de nos idées à défendre, que provoquons-nous d’autre que la foire d’empoigne qui sévit dans la cour de récréation des médias ? L’info scénario est une idée excellente. Logiquement elle devrait être le garde-fou comme la laïcité l’est pour éviter le choc des croyances antagonistes. Pas de jugement, pas de paranoïa, pas de complexe de persécution et nous donnerons l’exemple d’une bonne utilisation de la liberté. Il y a du vrai en chacun, il suffit de l’exalter après l’avoir bien explicité. Ceci n’est pas de la morale mais un plan de travail. Reste à s’y atteler. Amicalement vôtre.
A.C
